Ste Croix, st Michel, Bordeaux, 7 juillet 2024
Chers prophètes ! Aujourd’hui le prophète est le sujet principal des lectures de la Parole de Dieu.
Je vous salue comme des prophètes car par notre baptême nous sommes tous devenus des prophètes. En recevant l’onction avec le Saint Chrême, le prêtre ou diacre vous a dit : « Par cette onction tu participes à la dignité du Christ de prêtre, de prophète et de roi ! ».
- La première lecture raconte comment Dieu a choisi et envoyé Ezéchiel comme prophète. Tous les prophètes de l’Ancien Testament préparent le chemin pour l’unique grand prophète qui est le Christ.
Les prophètes sont des êtres humains comme nous tous, avec leurs faiblesses, leurs limitations et même leurs péchés comme chaque être humain. Mais ils sont choisis par Dieu et reçoivent de Lui une mission divine, assez souvent contre leur gré, à l’opposé de leur tendance naturelle. Assez souvent le prophète essaie de fuir cette mission comme Jonas. Le prophète doit rendre Dieu présent au milieu de son peuple, prêter sa voix à Dieu pour rappeler au peuple son alliance et les 10 commandements. Mais ce peuple est un peuple de courte mémoire ayant la nuque raide. Un peuple maintes fois en rébellion contre son Dieu, contre son Créateur. Un peuple ‘ Extinction Rébellion ’ qui cherche sa propre destruction par la rébellion.
Très actuel tout ça. Et pas du tout évident de jouer le prophète en face d’un nid de vipères ou d’une engeance de rebelles. Essayez vous-même aujourd’hui en allant prêcher devant les bureaux de vote. Vous nous raconterez votre succès ensuite. Car comme chacun d’entre nous, le Peuple de Dieu est libre. Nous sommes libres d’écouter l’appel des prophètes ou libres de boucher nos oreilles, bander nos yeux et de garder notre cœur sourd à l’appel de Dieu.
- Dans la deuxième lecture, Saint Paul explique très bien un autre aspect typique du prophète quand il dit : « lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort ». Dieu permet que le prophète soit toujours confronté avec sa propre faiblesse afin d’éviter la prétention et de se surestimer. Saint Paul sent comme une écharde dans sa chair qui le fait souffrir et qui l’aide en même temps à ne pas se donner à lui-même les mérites de ce qui est pure grâce, pur don de Dieu. Cette fameuse écharde de saint Paul n’a pas été révélée mais dans la vie des saints il y a tant de formes : un trait de caractère désagréable et incontrôlable, plus fort que soi ; une tentation extrêmement forte qui revient tout le temps ; une obsession ; une maladie, handicap ou défaut, une faiblesse. Il y a quelques semaines, j’ai pu visiter le sanctuaire de Saint Léopold Mandìc à Padoue. Il était tout petit et boiteux et il bégayait. Mais Dieu donna une force à ses paroles qui faisaient des miracles.
Quelle est votre écharde dans votre chair ? Cette souffrance qui t’oblige à mettre ta confiance en Dieu seul et pas dans tes propres forces ou talents ?
- L’Evangile d’aujourd’hui pourrait se résumer comme l’occasion manquée ou l’opportunité ratée. Jésus se révèle comme le Messie, le Prophète plus grand que Moïse et annoncé en prêchant partout au pays d’Israël que le royaume de Dieu est arrivé. Jésus montre sa nature et sa puissance divine en pardonnant les péchés, en chassant les démons et en guérissant les malades.
Il visite son village et les siens à Nazareth mais il est seulement reconnu comme le fils du charpentier. Les villageois et sa famille au sens large sont choqués et restent bloqués au niveau purement humain et horizontal. Pour eux, c’est inconcevable que le Messie, le Fils de Dieu soit si humain, si normal, si comme eux-même avec rien d’extraordinaire. Ils n’arrivent pas à croire, à élever leur regard verticalement. Aux yeux du monde, Jésus n’a rien de spécial. Encore aujourd’hui, pour combien de personnes Jésus n’est-il seulement qu’un idéaliste rêveur, un bon gars tout court ?
Mais avec les yeux de la foi nous entrons en relation avec Jésus, vrai Dieu et vrai homme.
Jésus est étonné par le manque de foi dans son propre village et par cette absence de foi il ne peut pas réaliser les miracles de guérison comme dans les autres villages alentour. Dommage, Nazareth a raté une opportunité, a zappé une occasion. Nathanaël sous le figuier s’était déjà posé la question : « De Nazareth peut-il venir quelque chose de bien ? »
Et mon regard sur Jésus ? Comment va ma relation avec Lui ? La routine et la répétition portent le danger que nous nous habituons à Jésus comme à un frère, comme quelqu’un de notre village, de notre famille. Ce Jésus fait partie de ma vie de chaque jour, de mon décor mais il n’est plus tellement mon Dieu et Sauveur. Ma foi en Lui a perdu en intensité.
Çe serait une grande tristesse si Jésus devait être étonné de notre manque de foi !
Demandons-lui la grâce de fortifier et vivifier notre foi en Lui.
- Et finalement, nous-même comme prophètes. Par notre baptême, Dieu nous envoie à Le rendre présent dans le monde actuel. Jésus nous dit que personne ne sera accepté comme prophète dans son propre pays. Les gens autour de nous seront aussi choqués par nos propos. Ne soyons pas surpris.
Restons faibles et humbles pour que la force du Christ, la force de son amour puisse rayonner davantage. Avec les mots de Saint Jean-Baptiste : « Il faut que le Christ croisse et moi je diminue. »
Amen.